Ch’ti Friterie et Dakar 2014

La Ch’ti Friterie : son histoire

Une vraie friterie dans un véhicule de course : le Toyota HZJ 79 réputé pour sa robustesse et sa fiabilité, transportant un module friterie à l’arrière. Il s’agit d’un véritable véhicule de course capable de terminer le Dakar 2009 à une place raisonnable, grâce à son endurance et sa régularité. Même de loin, je vous vois déjà sourire : prendre le départ du Dakar avec une friterie de course et puis quoi encore, sortir un film sur les Ch’tis ? Pourtant, le projet d’Hervé Diers, PDG d’Hédimag et de Jean-Jacques Finot, PDG de Sofinor, est très sérieux.

Le projet

Depuis le printemps, Hervé Diers a passé des heures à se gratter la tête devant des plans : depuis une simple boutade, en fait, lancée à Jean-Jacques Finot, fabricant de cuves en inox pour friteries, lorsque le tracé du Dakar 2009 en Amérique du Sud a été dévoilé. « On a rigolé… et on s’est dit « pourquoi pas ? » Mais on ne voulait pas tomber dans le ridicule. La caricature, c’est une chose. Le projet, lui, est très sérieux. »

A commencer par le véhicule : un Toyota HZJ 79 tropicalisé, acheté chez 4x4Extrême en Belgique, spécialiste des véhicules d’importation. Ce véhicule a l’avantage d’avoir deux réservoirs de carburant d’origine portant son autonomie à 170 litres de gazole, les blocages de pont avant et arrière, un snorckel et la climatisation. « C’est le seul à pouvoir supporter la caisse de friterie », nous dit Hervé Diers. Il souhaite, à travers ce projet, tester deux éléments techniques : un process de construction tout-terrain, permettant de répondre à une demande de véhicule de cuisine mobile émanant de l’armée, et sa carrosserie. Quelle meilleur épreuve que le Dakar pour les clients ?

 Le Toy à son arrivée chez Hervé, il provient de la société 4x4Extrême en Belgique

Hervé et Jean-Jacques souhaitent véhiculer une image positive des PME de la région et en particulier de la friterie : « on se veut les porte-paroles de toutes les friteries régionales, qui ne doivent pas disparaître ».

Autre aspect de leur candidature nordiste, la solidarité. Pour chaque kilomètre parcouru (et la course en compte 9 000), le team Ch’ti Friterie offrira 1 euro à l’association Les Clowns de l’Espoir. Permettant à celle-ci de multiplier leurs interventions auprès de nombreux enfants hospitalisés du Nord-Pas de Calais.

Bon allez, elle vous brûle aussi les lèvres cette question : la friteuse servira-t-elle sur le Dakar 2009 ? Oui, avant le départ, lors de l’étape de repos à Valparaiso et à l’arrivée à Buenos Aires ! Nous avons d’ailleurs eu l’honneur d’être invités aux premiers kilomètres officiels et au premier « service » de celle-ci lors d’une journée d’essais du Toy au Domaine du Marquenterre en baie de Somme.

La préparation mécanique

La plus grosse partie de la préparation est le changement du moteur et l’amélioration de certaines de ses performances ainsi que le renforcement de la transmission. Tout ce travail est réalisé dans les ateliers de François Béguin, garagiste indépendant dans le milieu du tout-terrain dans la région de Bruxelles.
Le moteur du HZJ 79 est un 6 cylindres atmosphérique, il est décidé de le remplacer par la version turbo-compressé du HDJ 80 12s, ce moteur est acheté neuf à l’exception du collecteur d’échappement et de deux tuyaux d’admission d’occasion.

Le moteur du HDJ 80 12 soupapes installé dans le HZJ 79

Le moteur neuf ouvert pour la préparation de la culasse

Celui-ci à été préparé pour avoir toute sa puissance et son couple maximum à très bas régime dans le but d’absorber un minimum d’air car cette année le Dakar se déroulera sur des pistes en altitude où la pression atmosphérique sera très faible. Le travail porte sur la culasse, l’angle de came, la pompe d’injection (au niveau de la suralimentation) et sur le turbocompresseur bridé conformément au règlement FIA.

Ce moteur ne développera pas toute la puissance qu’on pourrait lui demander car ce n’est pas le but, même si en course on n’en a jamais assez !

Ceci pour trois raisons : la fiabilité du moteur et du véhicule, l’autonomie (réservoirs d’origine et seulement 170 l), la résistance de la boîte de vitesses et de transfert. Le radiateur comportant une série de 4 faisceaux est resté d’origine, un visco-coupleur ainsi que l’hélice du HDJ 80 est fixé sur la pompe à eau. Une sortie d’échappement latéral en inox est prévue, celle sur les photos n’est que celle de rechange pour la course au cas où.

Les rapports de transmission étant très bien adaptés, ils resteront d’origine. Les essieux avant et arrière ont été complètement démontés, renforcés (coquilles de pont) et retouchés (au niveau des trompettes de ponts) à leurs points faibles comme par exemple, les axes de pivots qui tendent à se desserrer ainsi que les différentiels sur les corps de ponts.

Le détail du renfort d’extrémité du pont avant

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L’avant du toy est protégé par un ski en aluminium LMT et un « mini » pare-buffle fait « maison » qui permet la fixation de longues portées puissantes pour les longues étapes qui se termineront de nuit.

Ski aluminium provenant de chez LMT et pont avant renforcé.

Quatre longues et solides bavettes sont solidement fixées sur le véhicule grâce à des pattes en aluminium de fabrication « maison », elles protègent des projections de pierres et cailloux pour le Toy et les autres concurrents. Elles sont maintenus par des sangles rigides.

Certains détails de la fixation des bavettes.

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La suspension, qui ne marche pas mal du tout, est constituée de lames renforcées « OME » un peu retravaillées à l’arrière, combinées avec des amortisseurs de types oléopneumatiques de la marque « Fournales », amortisseurs qu’Hervé et François ont déjà testés sur les deux dernières Transafricaines. Ces amortisseurs permettent une excellente « synchronisation » avec les lames. Pour l’avant, ce sont des ressorts hélicoïdaux OME combinés eux aussi avec des amortisseurs « Fournales » . Le circuit de freinage d’origine est remplacé par un circuit en durites aviation conformément au règlement T2 pour les prototypes, et oui, le HZJ 79 est dans cette catégorie de part le changement de la motorisation. Le reste des équipements qui assurent le freinage du Toy ont été gardés car ils sont efficaces : gros étriers de freins à l’avant et disques ventilés.

Les jantes en tôle d’origine ont été remplacées par des jantes Performance TX en magnésium (très solides et très légères), sur celles-ci le choix de pneumatiques s’est porté sur du BFGoodrich Mud-Terrain en 235x85x16. Il y a trois roues de secours embarquées à bord de la Ch’ti Friterie.

Pour ce qui est de l’équipement de la cabine du Toy, c’est la société Le Métal Technique qui a été choisie pour ce travail dont elle a l’habitude. Ainsi, ont été montés : un arceau cabine 4 points, deux sièges baquets Sparco Evo 2 avec harnais Sparco 6 points, un extincteur automatique pour la cabine avec les buses adaptées, une planche de bord pour le copilote avec deux terratrip 303 plus. Les coupe-circuits, les commandes de l’extincteur automatique, les buses d’extinction dans le compartiment moteur ainsi que les sondes des trip ont aussi été installés chez eux.

Le poste de pilote d'Hervé Dhiers

Une vue générale de l’habitacle ou l'équipage passera de très nombreuses heures

Le poste du copilote avec une partie des instruments de navigation

Un détail de l'arceau 4 points LMT installé dans la cabine du Toy

Un des nombreuses buses d’extinction positionnées dans l’habitacle

De retour dans les ateliers de François Béguin, des filets anti-défénestration ont été installés aux vitres (réglementation FIA oblige) et pour ce qui est de surveiller le fonctionnement du moteur, il a été monté sur le tableau de bord, un manomètre de pression ainsi qu’un manomètre de température de turbo, car le team joue la carte de la simplicité et de la fiabilité sur ce Dakar.

La préparation de la cellule « Ch’ti Friterie »

La fabrication de la cellule arrière et l’électricité sont réalisées chez Hedimag car cette société est spécialisée dans la fabrication de ce genre de cellule, habituellement sur d’autres véhicules qu’un 4×4 de course. Un arceau 4 points a été installé à l’arrière du Toy, des nouveaux supports ont été fabriqués pour maintenir celui-ci sur le plancher de la cellule arrière. Celle-ci est allégée et renforcée afin de résister à toutes les contraintes de la course. La cellule est équipée de trois volets (deux latéraux et un à l’arrière).

La pose de la première partie de la cellule arrière dans les locaux d'Hedimag

La fabrication de la cellule réalisée chez Hedimag

Le détail de l’assemblage de la cellule sur le châssis du Toy.

Le montage des volets sur la cellule

L'arceau 4 points posé dans la cellule avec un porte-roue de secours

Les premières frites sorties de leur bain lors des essais officiels au Marquenterre

Elle est divisée en deux parties, une partie « Friterie » qui comporte une cuve en inox renforcée d’une capacité de 16 litres pour cuire les frites, chauffée par du gaz via une bouteille Butagaz qui voyagera dans un des véhicules d’assistance, une armoire de rangement du matériel de friterie qui fait office de plan de travail et un réfrigérateur 12 volts. De ce côté, un extincteur est fixé à la paroi de la cellule. De l’autre côté de celle-ci, on trouve la partie « assistance course ». Un support rigide pour accueillir les trois roues de secours prend place en son centre. En ouvrant la volet arrière, on accède au cric rouleur, clé en croix, plaques de désensablage très intelligemment fixée sur l’intérieur de ce volet. Ces plaques souples sont très efficaces et beaucoup plus pratiques à utiliser que les rigides. Deux pelles trouveront aussi leur place dans cette liste d’équipement. Une lampe halogène permet aussi d’éclairer l’arrière du véhicule en cas de besoin. Le volet latéral de ce côté donne l’accès au groupe électrogène portatif, au compresseur portatif 12 volts enfermé dans un coffre à air avec ses équipements, à la mallette d’outillage et coffre dans lequel on retrouve des pièces qui peuvent servir sur une longue étape du Dakar. Deux beaux jerricans contiennent l’essence supplémentaire pour le groupe, ils sont très bien arrimés comme tout le reste des équipements cités précédemment. Un emplacement est aussi prévu pour les tentes et sacs de couchage de l’équipage ainsi qu’un sac pour les affaires personnelles. Sur la partie supérieure arrière de la cellule, des feux anti-brouillard et stops supplémentaires ont été ajoutés pour bien se faire voir sur les pistes par le concurrent « suiveur ».

La partie friterie du véhicule : et oui, ils ont fait des frites sur le Dakar

La vue générale de l'arrière du HZJ 79

A l'oppose de la partie friterie, on retrouve du matériel d’assistance

Les essais

Nous avons été conviés à une journée d’essais au Domaine du Marquenterre en baie de Somme. Celle-ci a permis de tester la rigidité du montage de la cellule arrière et la fixation de tout le matériel qui s’y trouve. Et bien sûr, le roulage sur des pistes de sable et de terre plus ou moins défoncées pour aussi essayer la partie mécanique et suspension de la Ch’ti Friterie. Après plusieurs heures, l’ensemble du team présent à cette journée fut ravi : le Toy a un très bon comportement aussi bien sur le rapide que sur le cassant, seules quelques mises au point sont encore à effectuer. L’embarquement des véhicules pour l’Argentine ayant lieu fin novembre, cela laisse encore le temps.

Lors des premiers essais sur le terrain de Loon-Plage dans le nord de la France

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Mais, n’oublions pas le projet de la Ch’ti Friterie ; à l’heure du déjeuner, le Toy se gare sur le bord de la piste et nous allons assister à l’inauguration de la friteuse de ce véhicule de course. Après la mise en œuvre de tous les accessoires et équipements, la première « fournée » de frites peut prendre place dans l’huile bouillante et quelques minutes après, une joyeuse dégustation est organisée par les membres du team autour de l’HZJ. L’opération a superbement réussi et pourra être renouvelée sur le bivouac du Dakar sans aucun problème.

Bilan très positif de cette journée passée dans ce fabuleux domaine ou la Ch’ti Friterie aura fait ses premiers tours de roues officiels pour la presse.

La course : Dakar 2009 en Argentine et au Chili

Annulé en 2008 suite aux menaces d’attentat en Mauritanie, l’épreuve mythique du « Dakar » change de cap et traverse l’océan Atlantique. La course se déroulera du 3 au 18 janvier et traversera l’Argentine et le Chili, reliant Buenos Aires à Buenos Aires via Valpareso. Soit une boucle de 9 000 km dont 6 000 km de spéciales à travers la cordillère des Andes, les plaines de Patagonie et le fabuleux désert d’Atacama.
Le team de la Ch’ti Friterie part sur la course avec le Toyota HZJ 79 (Hervé Diers et François Béguin) en catégorie T2, une Toyota HJ 61 (Jean-Jacques Finot et Dominique Dupont) en catégorie assistance T5 (celui avec lequel Hervé a participé aux deux dernières Transafricaines Classic) il emportera des pièces de rechange « légères » et le consommable, un camion en location partagée (plusieurs malles avec du matériel) en catégorie assistance rapide T4 et un camion en location partagée aussi (avec le plus gros du matériel du team) en catégorie assistance « hors course ».
L’objectif premier du team est en priorité d’amener la Ch’ti Friterie au terme de ce Dakar pour mener à bien ce projet jusqu’au bout. Et quel projet …!!!

Finalement, ils finiront 58ème à l’arrivée de ce Dakar 2009.

La reconstruction

Fort d’une très belle 58ème place à l’arrivée à Buenos Aires au Dakar 2009. Hervé Diers (8 participations) est reparti sur la dernière édition avec la Ch’ti Friterie qui a subi des modifications afin de « jouer » plus la course cette fois-ci. La préparation de l’époque a été gardée comme le moteur d’HDJ 80 préparé et le renforcement des trains roulants. C’est surtout au niveau de la suspension que le Toy a subi des améliorations.

A l’avant, ce sont des amortisseurs Proflex + C2P de nouvelle génération qui sont montés doublés, combinés avec des ressorts durs. Alors qu’à l’arrière, le montage est resté avec un seul amortisseur combiné à des lames d’un kit lourd. Cette modification de la suspension a été réalisée par le Team Lardeau Compétition qui a assuré l’assistance de la Ch’ti Friterie sur la course.

100 kilogrammes ont aussi été gagnés sur l’arrière pour éviter de rencontrer les mêmes problèmes qu’en 2009. Le Toy a véhiculé le record du monde du cornet de frites géant (www.recorddelafrite.com) battu le 22 septembre dernier dans la ville d’Hervé, Hazebrouck dans le nord.

Le copilote habituel François Béguin, étant déjà pris dans un autre team sur le Dakar, c’est Alain Brousse, un autre habitué du Dakar (9 participations), qui a copiloté Hervé sur cette course très difficile.

De Rosario en Argentine à Valparaiso au Chili en passant par le Pérou, Hervé et Alain sont allés au maximum des capacités du Toy pour amener les couleurs du Secours Populaire jusqu’à l’arrivée (1€/km parcouru lui sera reversé à cette occasion).

www.chtifriterie.com

Textes et photographies : Stef Loyer

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Le Dakar 2014 de la Ch’ti Friterie

Hervé Diers avait déjà amené la Ch’ti Friterie à la 58ème place du Dakar 2009. Cette année, elle repartait pour cette grande aventure tout-terrain.

Du grand jour, du podium de départ à Rosario à celui de Valparaiso, le dernier jour, voici les péripéties vécues par ce sympathique équipage à bord de la Ch’ti Friterie : Hervé Diers et Alain Brousse.

Ils ont montré beaucoup d’enthousiasme lors du podium à Rosario. Hervé le pilote de la Ch’ti Friterie, est confiant malgré les mésaventures qui se sont manifestées dès le départ. En effet, outre-Atlantique, le Team a récupéré un véhicule endommagé (une partie du faisceau électrique était grillé et un problème d’arrivée de gazole). Ces problèmes ont rapidement été corrigés par Patrick Lardeau qui assure leur assistance pour cette édition. Outre les soucis mécaniques, les Ch’tis plus habitués aux températures modérées du nord de la France, devront supporter la difficile canicule et ce, sur de très longues étapes.

Rosario – San Louis : Le team Ch’ti Friterie a savouré une spéciale courte mais cassante avec une multitude de passages caillouteux et des sauts en aveugle. Une petite frayeur durant cette étape : un bruit suspect provenait du pot d’échappement. Un arrêt très court pour vérifier que tout est en ordre et c’est reparti. L’équipage 401 vise la sécurité et compte bien préserver le véhicule contrairement à de nombreux adversaires plus agressifs qui ont déjà fatigué le leur. Cette première journée difficile a été récompensée. Les nordistes obtiennent une confortable 109ème place.

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San Louis – San Rafael : Hervé et Alain ont affronté une sacrée journée en plein cœur des dunes qui leur a coûté beaucoup de problèmes mécaniques, notamment une déchirure des sangles anti-débattement arrière ce qui a fortement endommagé les amortisseurs arrière. Aussi, cette année le team a opté pour un nouveau profil de pneus adapté pour des routes caillouteuses… mais moins efficace sur le sable d’où une difficulté à franchir les dunes. Les nordistes ne sont pas au bout de leurs mésaventures. Alors qu’ils étaient perdus en plein milieu des dunes, le soleil s’est couché en les plongeant complètement dans le noir. En guise de compagnie, les bourdonnements continus des autres adversaires qui jardinent. La nuit s’annonçait longue…Cependant, l’équipe Ch’ti n’a pas perdu courage, tout le monde s’est mis au travail. Pendant qu’Alain Brousse et le team Boucou (assistance en course du team) plongeaient en plein cœur de la mécanique, ce fut l’occasion pour Hervé et  nos amis de l’assistance, Franck Barbry et Christian Vitse de penser stratégie pour repartir de plus belle le lendemain. A 5 heures du matin, les premiers rayons de soleil brillent sur le sable encore froid. Cadre idéal pour reprendre la route, les températures sont plus abordables donc les pneus adhèrent mieux. La Ch’ti Friterie reprend la route et franchit plus aisément les dunes pour enfin atteindre la ligne d’arrivée mais aussi pour commencer dans la foulée l’étape suivante.

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San Rafael – San Juan : Hervé et Alain prennent le départ de cette étape en bout de file. Par bout de file, nous n’exagérons rien, le team est le dernier à avoir entamé cette journée. Devant eux, il y a les motos, quads, 4×4 et surtout les camions. Ces derniers ont rendu la tâche bien difficile en laissant derrière eux des nuages de poussières et d’énormes ornières dans lesquelles la Ch’ti Friterie s’engouffrait. Le team a roulé dans de très mauvaises conditions, une expérience vraiment très impressionnante. Pour corser davantage leur périple, divers soucis mécaniques dont une nouvelle fois la sangle anti-débattement et les amortisseurs arrière. Hervé et Alain décident de faire un arrêt dans un garage digne de la team Mendez (cf. film Camping) pendant la liaison. En guise de solution, une nouvelle sangle et la chaîne du chien de notre fameux garagiste. Avec son nouvel équipement pour le moins original, le team Ch’ti friterie reprend la route. Mais l’anecdote ne s’arrête pas là, encore une fois, la sangle rend l’âme… mais pas la laisse du chien. Quoi qu’il en soit, sangle ou pas sangle, nos nordistes n’ont pas fini l’étape comme ils l’ont commencé et sont remontés à la 96ème place. Arrivés au bivouac, une intendance technique au top par Franck Barbry et Christian Vitse. Ce dernier débordant d’enthousiasme participe à son premier Dakar. Quant à Franck, la nuit fut courte, avec l’aide de Patrick Mazière du team Boucou, il a travaillé sur le Toy pendant de nombreuses heures.

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San Juan – Chilecito : Pour cette quatrième étape, la Ch’ti Friterie démarre en forme, les nordistes montrent leur dynamisme et remontent plus de 20 places en début de course. Un rêve qui n’a pas duré : le team qui était en pleine ascension a très vitre manqué de carburant. Pensant qu’un ravitaillement en carburant était prévu pendant l’étape, ils ont été pris de court en constatant que ce n’était pas le cas. Par chance, ils ont croisé le chemin de policiers qui leur ont indiqué une pompe à essence à seulement 4 kilomètres du tracé de la spéciale. De retour sur les pistes le Toy s’est retrouvé piégé dans un phénomène de groupe. Pour être clair, les véhicules en course se fient à leur road book pour trouver leur chemin mais parfois ils sont tentés de suivre leurs concurrents juste devant. Et quand ces derniers commettent une erreur de parcours, les autres véhicules se trompent également. C’est ce qui est arrivé à une quinzaine de 4×4 dont la Ch’ti Friterie. Ils ont donc jardiné et pendant 2 longues heures pour retrouver leur chemin. Un chemin précis où le passage des way-points doit être réalisé pour que leur étape soit validée. Mais où est donc ce maudit way-point ? L’heure tourne, l’impatience monte, la pression est à son apogée, il est temps de prendre une décision. Les nordistes choisissent de débloquer leur GPS pour trouver ce point d’intérêt, action qui coûte bien sur des pénalités pour l’équipe mais pas pour les dizaines d’autres véhicules perdus qui suivent le nouveau meneur. C’est le jeu. L’étape terminée, les nordistes sont éreintés. Les concurrents sont très coriaces, ils roulent avec de véritables avions de chasse. Les 6 heures de sommeil en 2 jours se font plus que sentir. De nombreux véhicules tombent à chaque étape mais la Ch’ti Friterie est toujours là.

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Chilecito – San Miguel de Tucuman : Les pistes entre Chilecito et Tucuman ont été très éprouvantes pour les nordistes, déjà bien fatigués des étapes précédentes. Le Toy est aussi un peu épuisé, son turbo est HS. Grâce au temps supplémentaire accordé aux nordistes, la Ch’ti Friterie va pouvoir apprécier son jour de repos à Salta. Même avec seulement 10 heures de sommeil en 3 jours, le team trouve toujours la force pour aider son prochain. Pendant leur course, ils ont rencontré Rosa Romero, n°112, la femme de Nani Roma n°304 en tête de ce Dakar au volant de sa mini. Complètement épuisée, l’espagnole n’avait plus la force de remonter sur sa Yamaha. Alain Brousse l’a fait pour elle. Tandis que Rosa est montée aux côtés d’Hervé, Alain a enfourné la moto afin de l’aider à finir sa course. Un moment très émouvant mais éprouvant pour Alain, souffrant de déshydratation. Moment magique du Dakar de ceux qui font la course à l’arrière (scène filmée par France4).

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San Miguel de Tucuman – Salta : Les nordistes continuent leur route. Il entament l’étape 6, la dernière étape avant le repos. Avec un turbo hors service, ils roulent doucement pour économiser la mécanique. Leur objectif : maximiser la sécurité pour garantir leur arrivée à Salta où ils pourront se reposer et réparer la Ch’ti Friterie. Objectif réussi : ils sont sortis de la spéciale sans problèmes particuliers pour enfin savourer un repos bien mérité à Salta.

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Salta – Salta : Après un break à Salta, nos quatre nordistes repartent sur les terres sèches d’Argentine. Au programme de la journée, une boucle englobant 500 kilomètres de spéciale. Malgré tout le travail fournit sur le 4×4 (réparation du turbo etc…) et l’efficacité de l’assistance pendant la journée de repos, la Ch’ti Friterie roule toujours à allure modérée. Elle subit les terrains cassants derrière une quarantaine de camions, ce qui pimente l’étape 7. Elle termine donc le parcours moins rapidement que certains concurrents mais elle franchit une nouvelle fois la ligne d’arrivée. Ce qui n’est pas chose aisée pour cette édition 2014, à ce jour pratiquement la moitié des 4×4 qui se sont engagés pour le Dakar sont hors course. Le team Ch’ti friterie prouve une nouvelle fois ses capacités et son aptitude aux changements de rythme.

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Salta – Calama : Aujourd’hui c’est une étape spéciale pour les nordistes, ils vont enjamber la Cordillère des Andes pour entamer la séquence chilienne du rallye. Une spéciale de transition y est dessinée pour la dernière journée que les autos passeront sans doubler de motos et de quads. Un parcours un peu moins compliqué et plus roulant que les précédentes étapes. Cependant le team a dû se montrer plus soudé que jamais face aux problèmes électriques du Toy et aux tempêtes de sable sur le bivouac où ils ne sont pas attardés. Hervé, Alain, Franck et Christian sont partis très tôt le lendemain pour réviser la Ch’ti Friterie.

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Calama – Iquique : L’étape du jour comprend une spéciale de plus de 400 kilomètres dont une grande partie dans les dunes : nouvelles difficultés pour les nordistes. Tout d’abord, un problème technique s’est manifesté : une défaillance du système de freins. Le team a été obligé de s’adapter à cette difficulté pour continuer sa route. Mais les mésaventures ne s’arrêtent pas là, un choc avant dans une dune, le team Ch’ti Friterie est resté piégé des dunes toute la nuit. Pas une minute de répit, les quatre nordistes se sont activés toute la nuit au côté du team Boucou pour se sortir de ce traquenard. Ils sont rentrés à 6 heures du matin, épuisés mais prêts à attaquer l’étape suivante. Le véhicule ,quant à lui est bien malade, le choc a fortement abîmé l’avant du Toy. A peine arrivés sur le bivouac, Patrick Mazière et Franck Barbry ont pris leur courage à deux mains et ont activement travaillé sur le véhicule pour réparer notamment le problème de freins.

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Iquique – Antofagasta : C’est connu, pas de Dakar sans fesh-fesh. Le chemin entre Iquique et Antofagasta comprend une centaine de kilomètres dans ce sable mou, très fin qu’il en devient aveuglant. D’autant plus que la Ch’ti Friterie roule à vitesse réduite et passe derrière les autres véhicules. Ce sable devient littéralement liquide ce qui complique énormément l’épreuve sans compter les problèmes de batteries. A leur actif, le team a consommé 4 batteries depuis le début de l’aventure. L’approvisionnement commence à se compliquer et à cela s’ajoute beaucoup de fatigue. Les nordistes n’ont pas beaucoup d’heures de sommeil, cette semaine ils sont rentrés de la plupart des étapes au petit matin. Pour tenir le coup, une seule solution: ils se relaient au volant du Toy. Le road book fixé sur le volant, quand Hervé roule Alain se repose et vis-versa. Une équipe soudée, valeur qui leur a permit de finir les étapes jusqu’ici.

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Antofagasta – El Salvador : La Ch’ti Friterie n’est vraiment pas un véhicule de course comme les autres. Elle a un surpoids d’un peu plus d’une tonne comparé aux véhicules des adversaires. Comme le dit Hervé : « c’est une véritable enclume », ce qui complique leur parcours. Ce véhicule est un challenge à lui seul. Défi que le team compte bien relever à deux jours de la ligne d’arrivée de Valparaiso. En attendant, les nordistes sont branchés sur un autre créneau horaire que les autres teams : la nuit. La voiture se traîne, c’est « l’escargot » de la course, même si le team Ch’ti Friterie n’est pas en tête du classement, ils sont toujours en course. Néanmoins, c’est épuisant pour Hervé et Alain qui rentrent au petit matin, encore aujourd’hui, ils sont arrivés au bivouac à 7 heures 30. Leur méthode : ils se relayent aussi toute la nuit et ils « gardent la frite ».

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El Salvador – La Serena : Le team Ch’ti Friterie fait du non-stop. A peine arrivé à Antofagasta à 10 heures du matin, Hervé et Alain ont immédiatement entamé l’étape 12. Leur mission du jour : tenir l’intégralité de la spéciale avec une seule roue de secours. A la vue du parcours journalier semi cassant et semi dunaire, il s’agit plus d’un espoir téméraire que d’une mission. Preuve en est, les nordistes crèvent au kilomètre 9. La mine dépitée, ils reviennent sur leur pas pour trouver une roue de secours mais sans succès. Que faire ? Une seule réponse de l’équipe : continuer. Les nordistes entament une nouvelle fois les 350 kilomètres de la spéciale, dont 150 de cailloux, sans roue de secours et avec une boule au ventre. L’étape s’annonce très difficile et éprouvante. Les nordistes sont épuisés mais ils ne lâchent rien et ils ont raison. Christian et Franck les rejoignent au kilomètre 89 avec une roue réparée. Les nordistes auront perdu 2 heures à cause de cette mésaventure mais il leur aurait été impossible de gravir les dunes cathédrales de Copiapo.

La Serena – Valparaiso : Aujourd’hui la Ch’ti Friterie parcourra ses 279 derniers kilomètres. Hervé et Alain sont heureux d’être au départ d’une spéciale très roulante au bord des ravins. Néanmoins, le stress reste omniprésent car beaucoup de bruits suspects viennent du moteur et Alain redoute une fuite de liquide de refroidissement. Heureusement, il y a plus de peur que de mal et nos chers nordistes ont terminé l’étape sans trop de difficultés. Arrivés à Valparaiso, ils ont enfin franchi la ligne d’arrivée marquant la fin de l’aventure. Après toutes ces péripéties et ce surmenage, ce n’est que du bonheur pour eux et tout leur team. Ils savourent cette réussite toujours avec un clin d’œil au Nord Pas-de-Calais, ils terminent à la 62ème place sur 154 partants à Rosario. Une formidable entraide et confiance entre Hervé et Alain ainsi qu’une assistance au top, très réactive par Franck et Christian. Les quatre nordistes forment une équipe soudée. Ensuite vient le fameux podium. Que faire de plus dans cette instant d’euphorie? Cuire des frites dans la file d’attente et les servir pendant le podium : ces nordistes ont vraiment la frite !!!

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Rendez-vous pour un prochain Dakar, peut-être…

Félicitations à Hervé, Alain, Christian et Franck pour cette très belle aventure mécanique mais aussi humaine.

Texte : Stef Loyer – Photos : Maindru

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2 Commentaires

  1. Ch’ti Friterie et Dakar 2014
    FELICITATION à toute l’équipe ! vous nous avez fait voyager,rever,angoisser parfois mais en finalité tout est bien qui finit bien. BRAVO les mecs!!

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