Dameuse : le damage façon Playstation Prinoth Everest Power

Essai Dameuse, la montagne en chenille

Prinoth Everest Power …430 CH

PLAY STATION

17 heures, un dernier vin chaud prit au restaurant d’altitude en attendant que le domaine se vide de tous les autres skieurs, et hop…On s’élance skis aux pieds dans une dernière descente sur la rouge qui serpente à travers les sapins. On est seul, la montagne est à nous, le vin chaud aidant, on assure, c’est le grand « fun »…Mais soudain, un bruit sourd, non, ce n’est pas une avalanche, ce sont les « Dameuses » du domaine de Morillon Samoëns qui remontent les pistes. Des machines à la technologie méconnue pour une activité en coulisse. Au fait, c’est du tout terrain votre travail ? Allez, ça va nous changer du classique “ Comparatif spécial conduite hivernale“…

Prinoth : dameuse

Là, on est hors sujet dirons certains. Si ça n’a pas 4 roues motrices, c’est pas du 4×4…Mais, en attendant, qui résisterait à un petit tour, et puis on est bien hors pistes, non ?…Et c’est bon ! Une saveur que nous partageons grâce à l’équipe de passionnés du service des pistes du Grand Massif en Haute Savoie. Cette vallée possède un domaine magnifique où, l’hiver, près de 300 kilomètres de pistes sont praticables pour le bonheur de milliers de vacanciers. La neige, il y en a tous les ans grâce à un phénomène météorologique dénommé «le courant » du Mont Blanc, tout proche.

Avec Pascal Bobo, Patrick Richard, les « Chefs » et Robert Cottet « l’historien » du service des pistes, le courant passe tout de suite et nous voilà partis pour une nuit sur les pistes. Un travail de « Titan » est réalisé toutes les nuits du 1 Décembre au 20 Avril…Pour votre plus grand agrément. Il faut savoir que les centaines de passages quotidiens de skieurs poussent la neige à l’extérieur des pistes et creusent parfois jusqu’au sol. Cette neige, « Or blanc » si précieux pour l’économie locale, demande à être gérée avec soin. De la sous- couche artificielle, fabriquée à partir de canons à neige en début de saison, à l’entretien de ce qui reste en Avril, en passant par les chutes successives durant ces 5 mois, c’est une véritable profession qui est née.

conducteur de dameuse

pilote-dameuse.jpg

Qui dit profession, dit outils…Why not the Prinoth ?

Nous découvrons, par cette nuit glaciale, un des modèles récents de ce marché si particulier. On a tous connu des engins à chenilles. Pour certains, c’est certainement un mauvais souvenir, la guerre, l’armée, ça dépend souvent du lieu et du moment…Pour d’autres plus jeunes, ça rappelle déjà les premiers sports d’hiver, les grandes expéditions polaires à la télé en noir et blanc….

dameuse designée par Pininfarina

Aujourd’hui, on oublie tout ça, c’est FI-NI. On est passé du dinosaure, nommé Sherman, au char Leclerc rapide comme Buzz l’éclair ! Finis les engins de tortures aux caisses d’acier, froides l’hiver et bouillantes l’été, portant des noms de guerriers. Maintenant, c’est de performances au travail et de confort climatisé que l’on parle avec cet étrange engin dénommé Power Everest et fabriqué par Prinoth. Tenez-vous bien, le design est signé….Pininfarina, rien que ça ! et il est fabriqué en Italie. Avec l’Allemand Kässbohrer, Prinoth est l’une des 2 principales sociétés à produire du matériel de ce type.

joystick de dameuse

À bord, dès les premiers tours de chenilles, on ne peut que songer à Sébastien Vettel face à tant de boutons et de voyants. Mais après avoir appréhendé ce sensible, mais finalement docile monstre de technologie, on se dit que le champion du monde de F1 n’a qu’à bien se tenir. Maintenant qu’on a « piloté » un Everest Power à moteur V6 diesel de12L de cylindrée à refroidissement d’air suralimenté et ses 430 Ch, le pôle c’est pour nous !

moteur 12l de cylindrée

S’il s’agit ici de Pôle Nord, car il fait – 20°C à l’extérieurs ce volant pour Playstation ne nous effraie plus. Notre vaisseau spacial, aussi vitré qu’un studio de location, semble planer sur la poudreuse, on domine toute la vallée, coucher de soleil en prime. Mais il faut maintenant passer à la phase “travail“. Là, pas moyen d’acquérir en quelques minutes le savoir de nos hommes du service des pistes qui reprennent la main, pardon…Les mains. Pas d’autre solution, car en plus de notre volant typé Star War, il y a aussi le Joystick de réglage de la lame avant (comme sur un chasse- neige) et d’autres fonctions à gérer dans les fortes pentes où le Prinoth déroule par exemple un câble qui l’aidera ensuite à remonter. Bon, vous l’avez compris, c’est un métier. C’est sùr, malgré toute la puissance de 315 Kw à 1800 Tr/mn pour un couple 2000 Nm à 1080 Tr/mn, on ne serait pas en tête au premier virage à Monza !

joystick de la lame

volant playstation

Mais si ça montait un peu sur ce célèbre circuit asphalte, on te reprendrait vite fait du terrain à coup sûr Sieur Vettel. Suivant le type de neige notre dameuse peut gravir des pentes à 120% ! Du 90° facile. Avec presque 5,40 mètres de largeur utile de travail et 97.600m2 de rendement horaire théorique à 20 Km/h, les pistes du domaine seront comme neuves pour les vacanciers qui n’imaginent certainement pas ce qui se passe là haut durant la nuit. Avec un rayon de braquage de 0°, cette dameuse est d’une agilité surprenante, Un vrai jouet de gamin.

volant et joystick de dameuse

Mais revenons à nos montagnes. Si cet excès de jubilation enfantine est certainement dû à l’altitude. Les performances et les données techniques ont bien de quoi faire rêver. Imaginez vous, pilotant les 8,8 tonnes du Prinoth sur des pentes, des murs de pistes noires, des bosses que l’on aime tant descendre tout « schuss ». Mais là, c’est dans le sens de la montée qu’on s’éclate. La puissance est là, on la sent vibrer, bien maîtrisée électroniquement, elle privilégie toujours le couple sans intervention du pilote. De la main gauche, on dirige depuis le volant, confortablement installé dans un siége baquet Recaro, on ne perd rien du spectacle grâce au pare-brise chauffant. De la main droite, le joystick positionne la « Lame » avant qui pousse la neige, la déplace de droite, de gauche suivant les besoins.

dameuse au travail

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A l’arrière, la “Fraise“ qui consomme à elle seule entre 30 et 40% de la puissance, agit sur la neige, la tasse suivant une pression qu’on lui impose de la main gauche. La sensibilité des commandes est extrême, la moindre fausse manœuvre se solde par une réaction immédiate, la violente embardée n’est jamais loin. Il suffit alors tout lâcher et le monstre dépourvu de pédale de frein retrouve son calme. Comme un hélicoptère, ça se pilote au millimètre près.

la fraise à neige

système hydraulique

Pascal Bobo aux commandes nous fait une démonstration de “damage au treuil“. En effet, sur les pistes bien raides déconseillées aux « mous des genoux », des points d’ancrage ont été installés durant l’été. Ils servent à arrimer en haut des pistes le câble du treuil. Ce treuil en position centrale sur le plateau arrière pivote à 360°, le câble se déroule à la descente et sort au bout d’un bras en acier. Pascal accroche le câble, remonte dans la cabine, le Prinoth pivote sur place et fonce dans le vide. Le câble de 11mm de diamètre se déroule à 15 Km/h derrière nous sur 1200 mètres. Arrivé en bas de ce mur qu’on n’imagine pas remonter, un écran au tableau de bord indique à Pascal dans quel sens faire demi tour afin de ne pas « Détourillonner » le câble.

danger dameuse

Le treuil à cabestan intégré s’active alors. Si ce dernier n’a pas une puissance extraordinaire, (seulement 3 tonnes), c’est juste un aide.

Accrochage du treuil

On comprend en remontant la piste que les contraintes que subit cet engin sont incroyables. Les 430 Ch suffisent à peine. La lame avant fait le ménage, déplace des tonnes de neige, Pascal, d’un geste imperceptible sur le Joystick, l’étale aux endroits où les skieurs ont creusé et la fraise arrière laisse plus de 5 mètres de piste comme neuve. Le treuil soulage la dameuse dans ces conditions extrêmes. Ce treuil a un autre rôle, limiter les risques. Il arrive que ce métier soit dangereux, lorsque les conditions météo se dégradent. Les « Dameurs » se retrouvent temporairement perdus dans un univers qu’ils surnomment “le jour blanc“ où ciel et neige deviennent indissociables. Dans ces cas assez fréquents, la consigne ? On arrête tout, on attend que ça passe…

instrumentation de la dameuse

une dameuse en train d'installer le treuil pour attaquer une pente très raide

Les gars du service des pistes sont tous des enfants du pays, ils connaissent leurs montagnes et savent qu’une tempête s’arrête souvent aussi vite qu’elle est venue. Malgré cela il est des nuits, après de grosses chutes de neige, où des plaques peuvent tout emporter. La glace, elle aussi, peut être un piège mortel malgré le choix des chenilles acier ayant plus de « grip » que celles en aluminium. Le poids des « dameuses » est un atout en matière de stabilité et d’efficacité, mais il rend cet engin incontrôlable en cas de « dévissage ».

Toute l’équipe, qui travaille ainsi de 17 heures à 9 heures du matin, connaît ces risques, mais nul ne céderait sa place. On comprend : bien au chaud, contrôlant une merveille technologique, seul dans la cabine, la bonne musique sur la stéréo….
Ha, l’aurore sur le Grand massif !

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Mais, revenons sur terre. Ne vous imaginez pas pointer votre nez à Morillon et vous faire embaucher comme ça, juste avec votre permis de conduire. Même le poids lourd n’y ferait rien. Il faut trois saisons d’hiver pour former un bon  « dameur ». De toute façon à 210.000 Euros le Power Everest de Prinoth, il faudra au moins être Savoyard avant que l’on daigne étudier votre candidature !

Non, vous ne rêvez pas. C’est bien 210.000 Euros pièce pour une carrière en station qui ne durera pas plus de 4500 Heures, soit 4 saisons hivernales. Très sollicitées durant 14 heures par jour durant 5 mois par an, ces belles machines seront reprises par le fabricant entre le tiers et la moitié du prix pour être revendues d’occasion à des stations aux besoins moins importants, où elles entament une seconde vie bien différente : dans les parcs ostréicoles, comme faucheuses pour les compagnies autoroutières, moissonneuses dans les champs de roseaux et entrepôts de céréales…

siège recaro

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Moins glorieuses, elles s’activeront dans les décharges publiques, en tant que “démazouteuses“ de plage ou encore elles seront utilisées pour des travaux sur terrain marécageux, travaux forestiers, casernes de pompiers de montagne, transport de personnel, ravitaillements militaires, ambulances, croisières sur les glaciers… Sur tous les points du globe où le terrain nécessite une bonne répartition du poids des véhicules, les Power Everest avec leurs 8,8 tonnes et leurs larges chenilles ne pèsent que 40 gr/cm2. Incroyables franchisseurs !

En contrepartie de ce prix prohibitif, le « top » de la technologie est entre vos mains. Sachez par exemple que les essuie- glaces sont chauffés avec le liquide de refroidissement du moteur, comme les serrures et les rétroviseurs chauffés électriquement. La cabine a un arceau intégré. Mais ça ne fait pas le prix, ça ! Plus sérieusement, sachez que le moteur V6 Mercedes Benz directement issu de la technologie camion n’est là que pour faire fonctionner grâce à une boîte de transfert un grand nombre de petits pistons intégrés à 3 pompes hydrauliques de 180cc chacune. 200 litres d’huile maintenue à 40°C parcourent le circuit hydraulique. Toute action sur les commandes du poste de pilotage agit sur une où plusieurs électrovannes et la machine qui obéit immédiatement. La taille du centre nerveux électronique qui se trouve derrière les sièges passagers donne une idée de la complexité mécanique/ électronique/ hydraulique atteinte, un vrai robot de science fiction. L’armoire électrique de votre domicile où le boîtier de votre voiture, en comparaison, c’est « l’âge de pierre ».

Ce principe hydraulique est aussi appliqué à la transmission afin d’entraîner les deux « Barbotins » situés à l’arrière de chaque série de cinq pneus. Plus d’arbres de transmissions, des tuyaux haute pression dans tous les sens. L’âge du vérin et de la circulation des fluides arrivera-t’il jusqu’à nos véhicules 4×4 ? C’est déjà le cas pour une certaine Yamaha à deux roues motrices qui « vole » assez bien de dunes en dunes à l’aide d’une transmission hydraulique à la roue avant !

9 heures du matin.
Alors que les premiers skieurs arrivent en haut des pistes. Nous, au bar d’altitude, autour d’un bon café bien mérité après cette nuit à 45° d’inclinaison et moins 20 sous le zéro, on se dit que le prix du « forfait » dans les stations de ski n’est pas si cher en comparaison des investissements en matériels et en hommes…Juste pour le plaisir de skier. Allez, on redescend vite fait avant qu’il y ait des traces sur le mur de bosses qu’on a damé hier soir.

Pour ceux qui veulent en savoir plus, un site à ne pas manquer ! www.pistenraupe.de
Notre engin : www.prinoth.com
son concurrent www.pistenbully.com
Pour tout savoir sur ce domaine alpin privilégié : www.morillon.com et www.legrandmassif.com

Si une ballade en Dameuse vous tente, certaines stations de ski organisent des ballades sur les glaciers, et quelques restaurants d’altitude commencent à avoir des autorisations pour transporter leurs clients.

Pour rouler en Dameuse : aller habiter en Suisse où elles sont toutes immatriculées.

Des challenges organisés par les fabricants de Dameuses sont âprement disputés, la réputation des stations est en jeu, au programme ; gymkhana, technique, GPS, écrit et bien sur …ski. Remise des prix par Luc Alphand qui n’a pas l’air d’oublier ses montagnes.

Données techniques :

Dimensions

 Longueur tout équipé 8.850 mm.

 Largeur de travail avec fraise 5.350 mm.

 Garde au sol 400 mm.

 Poids total 8,800 Kg.

 Poids Everest- treuil 10.500Kg.

Moteur :

 Daimler Chrysler AG Mercedes OM 501 LA

 Turbo diesel à injection directe et refroidissement de l’air suralimenté. Système d’injection à haute pression équipé de pompes individuelles, gestion électronique.

 6cylindres en V.

 Cylindrée 11.950 Cm3.

 Puissance 315 Kw (430 CH) à 1.800 Tr/mn.

 Couple maxi 2.000 Nm à 1.080 Tr/mn.

 Consommation moyenne 21 litres/ heure.

 Réservoir 240 Litres.

Transmission treuil :

 Hydrostatique en circuit fermé.

 Pompes à cylindrée variable et moteurs à cylindrée fixe.

 Vitesse de fonctionnement 0 à 24 Km/h.

 Force de traction 35 Kn.

Electricité :

 Basse tension 24 V.

 Alternateur 140 A.

 Batterie 2x12V de 200 Ha.

 Puissance au démarrage 1000 A.

 Rayon de braquage 0°.

 Rendement horaire théorique 97.600 m2/h.

 Franchissement en montée maxi 120%.

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