La Jeep CJ2A est la première Jeep civile produite au sortir de la guerre. Et c’est dans la région de Bourgueuil que j’ai rencontré un vrai fan de Jeep qui vient d’en restaurer une. Christophe est un vigneron et il est tout autant passionné par sa vigne et ses cuvées que je vous conseille au passage mais avec modération) que par les Jeep anciennes. Notre ami a commencé le 4×4 avec un club très actif et a participé à des trials. Il fait connaissance avec sa première Jeep en 1992, une M38A1, qui servira au quotidien même si elle n’était pas bâchée. Christophe est un courageux ! Il devra assez vite s’en séparer mais c’est trop tard il a été piqué par le virus. Il aura ensuite une CJ7 (un modèle dont le look lui a particulièrement plu) puis vinrent ensuite différents modèles qu’il va commencer à restaurer tels que J10, J20, Cherokee Chief. Au départ il se « contente » de modèles assez récents, puis, petit à petit il remonte l’histoire de Jeep pour aujourd’hui se concentrer sur les modèles des années 40′ et 50′, mais plus particulièrement les versions civiles.
Sa passion un peu dévorante car si actuellement sa collection se limite à quelques voitures il en a eu un peu partout sur son terrain. Comme il le dit quand on lui pose la question « combien as tu de Jeep », il répond malicieusement : « beaucoup, bien de trop, mais moins qu’avant ». Les plus belles pièces de sa collection sont la CJ2A qui nous occupe aujourd’hui, une magnifique Jeep Station Wagon, un Jeepster, un Wagoneer première série et un forward contrôle.
Petit historique de la Jeep
Sans rentrer dans les détails, les premières Jeep on été conçues pour les militaires américains. Les premiers prototypes de 4×4 datent de 1940 avec des modèles de chez Batam et de Ford. En 1941 Bantam, Ford et Willys produisent en tout à peu près 8000 véhicules : Bantam BRC 40 – Ford GP et enfin Willys MA. Puis en 1942 apparaît celle que nous connaissons tous, déclinée en deux modèles très proches l’un de l’autre : la Willys MB (335 531 exemplaires + 25 808 exemplaires de la version à grille de radiateur lourde – Slat Grille) et la Ford GPW (277 896 exemplaires). Entre 1944 et 1945 alors même que la guerre n’est pas terminée ; Willys travaille sur un projet de Jeep civile. La première version CJ1 est basée sur le châssis de la Willys MB mais est dotée d’un hayon arrière, la roue de secours est déportée sur le flanc droit, on trouve aussi une prise de force. Quelques prototypes seront construit avant une évolution vers la CJ2 baptisée Agrijeep, produite elle, à une trentaine d’exemplaires. Ces versions seront testée par le Département de l’Agriculture dans quelques fermes expérimentales. Le principal changement est une boîte de vitesse plus résistante, la Warner T90. Il faudra attendre juillet 1945 pour voir la production de la version définitive de la première Jeep civile appelée CJ2A.
Note : la CJ2A existe en trois versions :
VEC Very Early Civilian jusqu’au numéro de série #34530
EC Early Civilian milieu de l’année 1946 – milieu de l’année 1947
CJ-2A
production de la CJ2A
Année | numéro de série | nombre de véhicules construits |
1945 | 10001-11824 | 1824 |
1946 | 11825-83379 | 71554 |
1947 | 83380-148458 | 65078 |
1948 | 148459-222581 | 74122 |
1949 | 222582-224764 | 2182 |
Chaînes de montage, pièces détachées, tout était disponible en cette fin de guerre pour produire des Jeep. Il est donc logique que la production se tourne désormais vers une version civile qui puisse être proposée aux fermiers, aux exploitations forestières et à tous ceux qui avaient besoin d’un engin léger avec de véritables capacités de franchissement. Ce 4×4 devait être polyvalent, c’est pourquoi de nombreuses options et accessoires étaient proposées. Siège passager (la version de base n’avait que le siège du conducteur), prises de force à l’avant ou à l’arrière, bâche, cabestan, la liste des options est longue, toute autant que celle des accessoires et différents outils qui pouvaient se greffer sur la CJ2A : chasse neige, faucheuse, générateur électrique, charrue, banc de scie. En résumé, cette Jeep devait être le couteau Suisse du Mid West.
Les améliorations et les changements par rapport à une Willys MB
Tout d’abord, au niveau de la carrosserie le changement qui apparaît en premier est la calandre à 7 fentes (la Willys MB en avait 9), qui deviendra emblématique chez toutes les futures Jeep. On notera aussi que les phares sont plus gros et affleurants, non plus en retrait de la calandre comme sur la MB. Ensuite l’arrière est doté d’un hayon, permettant de charger la jeep beaucoup plus facilement que dans sa version militaire. De fait la roue de secours a du être déplacée en position latérale. Le réservoir est toujours sous le siège mais on peut enfin faire son plein normalement, il y a une goulotte avec un bouchon accessible directement.
Ensuite la CJ2A est dotée d’une nouvelle boîte de vitesse Warner T90 à trois rapports, plus résistante que la T84 et le transfert reste un Spicer / Dana 18 avec des rapports plus courts (2,43 en courte). Au niveau du moteur c’est toujours le L-134 Go-Devil. Ce quatre cylindre de 2199 cm3 développe 60 ch est celui qui a équipé les Willys. Au niveau des ponts on trouve à l’avant un Dana 25 et un Dana 41 plus résistant à l’arrière à partir de 1946 (avant le numéro de série #13453, on trouvait un spicer 23). La direction a aussi été revue puisque l’ancrage est désormais sur le châssis et non plus sur le pont.
note : la compagnie Spicer a ensuite été rachetée par Dana
Dans les versions VEC ou EC et jusqu’en 1947 les acheteurs avaient le choix entre un levier de vitesse au volant ou au plancher, ici c’est au volant. Une autre particularité de notre Jeep c’est d’avoir un accélérateur à main de type agricole (Governor) et donc un carburateur spécifique à rotule. D’autres détails vous seront dévoilés dans les légendes des photos.
La restauration de la Jeep CJ2A
Achetée en 2012, cette Jeep avait reçu pas mal de modifications, notamment avec un changement de moteur et de boîte. Elle avait été diésélisée et la boîte était avec des vitesses au plancher. Heureusement, la plupart des modifications avaient été bien faites et n’étaient pas irréversible. Alors certes la cloison pare-feu avait été découpée et le tunnel de boîte modifié. Mais à force de temps et de passion, Christophe a réussi son pari. Refaire une CJ2A quasi sortie d’usine avec 99% de pièces d’origine ! Cela n’a pas été simple car même si certains éléments sont partagés avec la Willys, de nombreux petits détails sont différentes (d’autant plus sur une pré série) : l’unique feu arrière a fait par exemple l’objet d’un véritable jeu de piste car il est introuvable (il ressemble à celui d’un Jeepster mais le patern des vis est différent). En fouinant en France mais aussi aux Etats Unis, et au bout de 5 ans de patiente, la Jeep roule enfin.
Le seul petit détail qui manque encore est une bâche refaite. Christophe a bien celle d’origine ainsi que les différents tubes qui permettent de soutenir la capote, mais elle est en triste état. Petite particularité de cette bâche c’est qu’elle comprend plus de 10 pièces. On pouvait ainsi choisir de bâcher la Jeep selon ses envies : on pouvait couvrir l’avant et éventuellement la partie au dessus de la benne, l’arrière mais aussi les portes. On pouvait aussi ne couvrir que l’avant mais avoir une partie qui se refermait derrière les sièges. C’est pourquoi on trouve un peu partout des fixations pour les sangles qui maintiennent les différents éléments de la bâche.
Jeep CJ2A EC de 1946 – première Jeep civile
excellent article , bien documenté , et puis cette cj2a est magnifique
Jeep CJ2A EC de 1946 – première Jeep civile
complimenti per la CJ2A…per le foto ed il testo del post…
félicitations pour CJ2A … pour les photos et le texte du message …
Jeep CJ2A EC de 1946 – première Jeep civile
bonjour,
je cherche une documentation sur le levier de vitesse au volant de la cj2a,
si vous avez ca???
Cdlt