L’Asie en Land Rover Defender 300 TDI

L’Asie en soi-e, c’est le périple d’Hugo, travailleur humanitaire et d’Emeline, designer textile, à travers l’Asie pendant deux ans. Suivre la route de la Soie pour mettre les pieds dans les traces de ceux qui ont fait l’histoire, puis sillonner l’Asie du Sud-Est jusqu’en Indonésie pour finalement atteindre le Japon  et rentrer par la voie du Nord, traversant le froid sibérien et les grandes steppes mongoles. Un itinéraire qui se dessinera en réalité beaucoup plus sur la route que sur le papier, au gré de nos humeurs, des impératifs en tout genre et de nos coups de cœur.

L’idée de partir à l’assaut du continent asiatique avait germé dans nos esprits quelques années plus tôt, mais il fallait désormais résoudre la question du « comment ». Le sac à dos, les bus locaux, les voyages en avion, nous ne connaissions que trop bien. Cette fois nous voulions partir plus librement, loin des contraintes, des horaires et des routes touristiques. Plusieurs options s’offraient à nous : le vélo, vite écarté, trop chronophage et un brin trop sportif, et la voiture. Oui, mais laquelle ? Là encore, l’éventail est large. Hugo penchait pour un van 4×4 surmonté d’une planche de surf, souvenir du gamin chevauchant les vagues sur la côte Atlantique pendant qu’Emeline, plus casanière, désirait sobrement un 3 pièces roulant. À force d’échanges sur les blogs de voyageurs à quatre roues, le graal viendra à nous. Julien souhaite se séparer de son bien aimé Defender avec lequel il parcourt régulièrement le Maroc, devenu trop étroit pour sa petite famille. Le charme opère, il faut dire que la bête a de la gueule. Rebaptisé Pépère -l’embonpoint du Land lui sied à ravir-, c’est lui qui nous portera jusqu’aux confins de l’Asie. L’idée de pouvoir aller partout, sur tous les terrains pour profiter au plus près de la nature et des chemins qui recèlent souvent bien plus de surprises que les routes asphaltées nous a définitivement conquis.

Présentation donc de celui qui sera le troisième larron de l’aventure: Pépère est un Land Rover Defender 300 TDI de 1998, sans électronique donc. Une donnée non négligeable : il peut être réparé à peu près partout dans le monde avec les compétences et outils locaux. D’autant que nos compétences mécaniques au début du voyage sont proches du néant. Le Land est déjà préparé pour le voyage : il possède un réservoir additionnel de gazole, une batterie auxiliaire, un Webasto -chauffage d’appoint plutôt sympathique quand il daigne fonctionner, des meubles en inox, un toit ouvrant pour offrir un lit sous les étoiles, un réservoir d’eau équipé d’une pompe et d’une douchette extérieure, deux plaques de gaz et un auvent extérieur. Bref, nous avions déjà la cuisine, la chambre et la salle de bain. Il ne nous manquait plus que les jardins du Monde.

Nos ajouts porteront donc essentiellement sur le confort : nous allons voyager deux ans, autant se mettre à l’aise. Nous ajoutons un panneau solaire souple de 150 watts relié à une troisième batterie pour plus d’autonomie, remplaçons les sièges avant par des bons vieux sièges de BX et ajoutons un dernier meuble à l’arrière : deux ans, c’est autant de saisons chaudes et froides, pluvieuses et ensoleillées, de galères médicales, de soucis mécaniques. Il nous faut donc un maximum de place pour emmener de quoi pallier  tout ça.

Nous fabriquerons également un lit d’appoint pour éviter d’ouvrir le toit si d’aventure le vent grognait trop fort. Il nous a, depuis, servi 2 fois, autant dire qu’on aurait mieux fait de ne pas se fatiguer. Vient ensuite LE point crucial : l’eau chaude. Après de longues hésitations nous avons finalement craqué, et ne le regrettons pas une demi-seconde. Nous installons un chauffe-eau de 25 litres, réalisé sur mesure par un soudeur d’inox, lui aussi dégoté sur les forums spécialisés 4×4, et relié au système de refroidissement du moteur. De l’eau chaude donc, et gratuite.

Vus de l’extérieur, quelques équipements 4×4 sont ajoutés : une rampe de phares, une fixation pour l’indispensable cric hi-lift, une pelle qui vient compléter les plaques de désensablage, et une échelle pour accéder au toit. Ceci plus une galerie surmontée d’une malle dont nous nous séparerons finalement à la frontière chinoise : elle consommait pas moins de 3L au 100 en moyenne -les joies de la prise au vent- et rehaussait le véhicule de plus de 3 mètres -tunnels et parkings étaient bien trop souvent à éviter. Enfin, un sac étanche fixé à la roue de secours nous évitera d’avoir à garder les poubelles à l’intérieur. 

Côté mécanique -rappelons que nous sommes de grands novices au moment du départ- nous nous tournons vers Ackiel et Stéphanie, des passionnés de Land qui les connaissent sur le bout des doigts. Pour plus de sécurité, nous optons pour une grosse préparation : changement d’embrayage -qui se porte plutôt bien, mais a déjà 200 000 kilomètres dans les pattes- nouvelle suspension avec des ressorts et amortisseurs charge lourde, barres de direction et de parallélisme renforcées, changement de tous les silents-blocs pour du polyuréthane, renouvellement du système de freinage -pistons, disques, plaquettes, tout y passe-, et remplacement de tous les liquides.

Comme Ackiel et Stéphanie sont sympas, que notre fougue leur plait bien, mais aussi qu’ils ont pitié de nos portefeuilles déjà bien amaigris, ils nous permettent de passer sous l’élévateur avec eux. Ils nous expliquent surtout pas à pas toutes les phases. On ne sait toujours pas très bien comment ça marche, mais on sait plus ou moins où tout se trouve. Pas d’inquiétude, on a depuis fort appris.

Le voyage en véhicule, qui plus est le 4×4, représentait donc un vrai challenge pour nous. Trouver des bivouacs, s’aventurer en off-road, apprendre à maîtriser un véhicule de 3 tonnes sont autant de choses que nous apprendrons sur la route. Le départ, comme tout vrai départ, s’est fait dans la précipitation, l’excitation de l’inconnu et la peur de l’échec. Irons-nous seulement jusqu’en Turquie ? Pour la petite anecdote, nous avons dû faire demi-tour dès le premier jour. Notre réservoir d’eau s’était méchamment fissuré avant même le premier bivouac. Déjà nous utiliserons les compétences locales. Notre voisin le ressoudera pour que nous puissions finalement lancer le vrai départ, 2 jours plus tard, soit le 27 juin 2017.

Depuis, nous sillonnons les routes de l’Asie depuis 7 mois, des vastes plaines anatoliennes aux jungles d’Asie du Sud-Est, en passant par le désert iranien et les hauts cols du Pamir tadjik. Les peurs ont disparu, le cric Hi-lift et la clef à cliquet sont devenus nos meilleurs amis, et surtout nous avons appris qu’il y a toujours une solution, même quand il n’y en a pas.

Actuellement au sud du Vietnam après presque 30,000 km parcourus, nous vous raconterons prochainement comment on s’est sorti d’un mauvais plantage dans les dunes brûlantes du désert du Maranjab, passé des cols à 4700 m au mois de novembre, dormi avec les chèvres en Ouzbekistan et traversé la Chine avec attelage hétéroclite de 10 véhicules. Attachez vos ceintures, le voyage ne fait que commencer ! 

Pour nous suivre :

Site web : www.lasie-en-soie.com

Page Facebook : L’Asie en soi-e

Mini guide 

L’itinéraire : Europe de l’est, Turquie, Caucase, Iran, Asie Centrale, Chine, Asie du Sud-Est, Japon, Russie et Mongolie ; soit 25 pays dont 7 seront traversés deux fois. Au total environ 70 000 km.

La préparation :

  • 6 mois de préparation dont 3 mois intensifs après avoir quitté nos emplois respectifs

  • 2500 euros dépensés dans les aménagements supplémentaires du véhicule 

  • 6000 euros pour la préparation mécanique 

  • 1 stage d’initiation off-road de deux jours 

Le budget (hors achat et préparation du véhicule) : 30 000 euros pour l’ensemble du voyage à deux, tout compris.

Les indispensables :

  • Le permis international et le carnet de passage en douanes

  • Le kit off-road : cric hi-lift, plaques de désensablage, pelle et corde kinétique

  • Une scie à bois rétractable et une hachette parce que bois = feu = bon bivouac

  • La pelle-à-caca, pour creuser son trou…

  • L’eau chaude, un gros gain de confort à petit prix 

  • Le auvent, pour ne pas avoir à s’enfermer à chaque petite pluie ou gros soleil

  • Le sac étanche fixé à la roue de secours, parce que les poubelles, c’est mieux dehors !

  • Les classiques: rilsans et colliers de serrage, WD40, duct tape, fusibles, voltmètre, tendeurs, sangles, couteau-pince et jeu de clefs à cliquet.

  • Une balise GPS qui nous permet de tracer nos mouvements mais aussi de partager notre position avec famille et amis, et d’envoyer un SOS en cas de pépin.

  • Quelques conserves de nos plats préférés pour les moments durs.

Le superflu :

  • La malle sur la galerie 

  • Le lit d’appoint intérieur 

  • Les toilettes

  • La rampe de phare, dont on ne se sert quasiment jamais. Mieux vaut éviter les routes de nuit en Asie !

Liens utiles :

  • Casa-trotteurs : un forum dédié aux voyages en 4×4
  • Horizons Unlimited : un site et forum spécialisés dans le voyage en moto et auto (en anglais)
  • Caravanistan : une mine d’informations pour le voyage en Asie
  • Les groupes Facebook de « overlanding »
  • Voyage-forum : un forum de voyage francophone
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