Les croisement de ponts

C’est quoi un croisement de pont ?
En le prononçant, certains doivent penser à une figure sportive effectuée par un gymnaste ou à un saut en patinage artistique. Il y a un peu de ça.

D’autres ne le connaissent que parce que ça donne un petit côté pro à celui qui sait le placer dans une conversation.
Pourtant, connaître la définition d’un croisement de pont et savoir le franchir sont deux notions tout à fait différentes.

Pour mieux les reconnaître quand vous les rencontrerez, nous vous proposons quelques portraits robot des spécimens les plus courants: Je vous conseille d’imprimer ces clichés et de les coller sur votre tableau de bord au cas où !.

Cette difficulté peu se cacher n’importe où sur votre parcours. Contrairement à la côte que l’on ne retrouve que lorsque ça monte et qui se transforme généralement en descente de l’autre coté, le croisement de pont, lui, il est partout. Il nous attaque aussi bien à plat, qu’en côte ou en descente. Il se cache parfois au fond d’un bourbier ou d’un gué. On le rencontre même dissimulé dans un dévers.

Il en existe une infinité d’espèce puisque la naissance d’un croisement de pont découle de l’accouplement de deux facteurs :

 Le véhicule : Un châssis court ne générera pas les mêmes croisements de pont qu’un long

 La trajectoire : A quelques centimètres prés, on peut provoquer un croisement de pont, ou l’annuler.

Vous êtes dans le sous bois et, d’un seul coup, votre véhicule s’immobilise à plat. Tiens, comme c’est bizarre. Le moteur tourne, la vitesse n’a pas sauté et pourtant le véhicule n’avance pas.
Votre premier réflexe est de descendre pour constater ce qui se passe. Rien d’exceptionnel. Ni pierres, ni tronc qui stoppent votre progression, pas non plus de bourbier dans lequel vos pneus patinent. Par contre, vos roues ont une géométrie étrange. La roue arrière droite est au fond d’un trou alors que la gauche est sur une petite bosse, et c’est l’inverse pour l’avant. La gauche repose sur un léger tas de terre alors que la droite ne touche presque plus le sol.

Ne cherchez pas, vous êtes en croisement de pont.
Si votre véhicule est immobilisé, c’est grâce, ou à cause, de vos différentiels. Ces grosses boules situées entre les roues ont pour but principal de faire tourner les roues d’un même essieu à des vitesses différentes. (Voir article technique de base)

Mais hélas, ce qui est indispensable sur route devient franchement pénalisant en tout terrain, ainsi, quand une roue n’a plus d’adhérence, c’est elle qui prend toute la puissance. Donc dans votre cas, vous voilà immobilisé parce que les deux roues sans adhérence sont seules à recevoir le mouvement.

Pour éviter ce genre de désagrément, une seule solution. Oui Monsieur Brutos, d’accord, je sais, il suffit d’équiper son véhicule de blocages de différentiels et on en parle plus, la puissance sera équitablement répartie sur chaque roue. Merci mon brave, heureusement que vous êtes là pour nous apporter cette précision. Maintenant, allez vous entraîner avec vos  » blocs  » sur un croisement de pont à négocier en épingle entre les arbres. On reviendra vous dégager demain avec la tronçonneuse.

Même s’il est évident qu’un blocage de différentiel permet de franchir sans encombre le pire des croisements de pont en gratifiant les spectateurs de levés de roue impressionnants, les possesseurs de ce genre de précieux outil savent pertinemment qu’ils ne peuvent pas l’employer dans toutes les situations. Mais n’anticipons pas sur notre prochaine rubrique consacrée aux blocages de différentiel et voyons pour l’instant comment s’en passer.

Vous le voyez celui qui se cache à dix mètres ? Non ? Mais si, il est matérialisé par trois trous en quinconce ! Oui, ceux-là. Ça va provoquer un beau croisement de pont, vous allez voir.

Avant de vous lancer, étudiez votre trajectoire afin de limiter au maximum le débattement des suspensions. Plus vos ponts vont être parallèles, plus la pression de chaque pneu sur le sol sera identique, et moins vous allez provoquer de rupture d’adhérence et donc le patinage.
À l’inverse, si vue de face, vos ponts forment un X, vous avez de forte chance que les roues opposées perdent l’adhérence et patinent sans plus jamais pouvoir faire avancer ni reculer votre véhicule…même a plat.

Vous êtes certain d’avoir le bon axe, alors allez-y Monsieur Brutos, honneur a vous, tout le monde vous regarde.
Oui bravo ! Jolie figure ! Pour être planté, vous êtes planté. Plus moyen d’avancer ni de reculer. Profitez en pour changer la roue, elle est à 50 cm du sol.

Au fait, ça n’est pas parce que le châssis long qui vient de passer devant vous s’en est sorti tout seul que ses traces étaient bonnes pour votre châssis court.

Pour les autres, étudiez bien la position de vos roues en fonction de votre voiture, de son empattement et de l’architecture de sa suspension.

Une fois que vous pensez avoir la bonne trajectoire, pas de secret, il faut à nouveau avoir recours à la recette miracle de l’élan.

C’est toujours l’inertie qui fait que vous allez vous retrouver de l’autre coté d’un croisement de pont, et rien d’autre. Votre élan, va donner suffisamment d’énergie à la voiture pour enrouler les trous et les bosses sans pour autant solliciter de trop l’adhérence des pneus.

C’est trés simple. Prenez un croisement de pont à plat sur un chemin. Essayez par exemple avec un petit fossé. Enclenchez les 4 roues motrices en première courte et tentez de franchir l’obstacle en biais sans toucher à l’accélérateur. Une fois les deux roues opposées au fond du fossé, elles vont patiner et vous immobiliser. Vous pourrez toujours tenter d’imiter notre irremplaçable monsieur Brutos en accélérant comme un sourd. Trop tard, le mal est fait. Essayez maintenant en conservant la même trajectoire mais en deux roues motrices et première longue à 10 km/h. Alors vous voyez, vous êtes passé.

D’accord, c’est caricatural, mais cela vous montre bien que c’est votre élan qui vous fera franchir un croisement de pont.

Donc, qu’il soit en montée, en dévers ou a plat, le seul moyen de combattre un croisement de pont, c’est : soit de l’éviter au maximum par une trajectoire idéale et à ce moment-là, on n’en parle plus. Soit de gommer sa mauvaise influence sur vos différentiels en laissant l’énergie du véhicule le sortir des trous sans que ce ne soit l’adhérence des pneus qui rentrent en jeu.

Maintenant, vous voilà prêt à affronter les pires croisements de pont. Pourtant, n’oubliez pas que nous vous donnons les bases mais pas la pratique, et encore moins l’expérience. Alors, quel que soit l’obstacle, n’hésitez pas à vous exercer, c’est la seule méthode réellement fiable pour passer partout proprement.

Textes : Nicolas

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