Voyage au Kirghizstan en 4×4

Traversée du Kirghizstan en Land Rover

Texte et photos : Christophe Imholz

 

L’Asie Centrale et la route de la soie font partie des rêves de tout voyageur. Suivre les pas de Marco Polo, quelle aventure ! Parmi les nombreux pays traversés par la route de la soie, il y a un petit pays de montagnes, totalement méconnu, mais qui vaut à lui seul le déplacement : le Kirghizstan.

 

Un peu de géographie

Ce petit pays de 198 500 km2, soit un peu plus d’un tiers de la France, est encadré au nord par le Kazakhstan, à l’ouest par l’Ouzbékistan, au sud-ouest par le Tadjikistan, et au sud-est et à l’est par la Chine. Ce pays, peuplé à l’origine par des populations nomades, est extrêmement montagneux et son point culminant s’élève à 7 439 m avec le pic Pobedy (« victoire » en russe) qui est situé à l’extrême sud-est. Ancienne république de l’URSS, le Kirghizstan a obtenu son indépendance lors de l’effondrement de cette dernière, en 1991. Les habitants s’appellent les Kirghizes, et parlent le kirghiz, langue aux racines turques.

 

Alors ce voyage…

Après avoir traversé l’Allemagne, la Tchéquie, la Slovaquie, l’Ukraine, la Russie puis le Kazakhstan, nous arrivons à la frontière kirghize. Côté kazakh, il nous a fallu jouer des coudes pour passer les différents guichets nous délivrant les documents, sésames obligatoires pour la poursuite de notre aventure. Arrivé côté kirghize c’est totalement différent. Aucun contrôle, le passage se fait en 5 minutes : le temps d’apposer un cachet sur le visa. Depuis, ce pays a même supprimé le visa pour tout voyage touristique de moins de 60 jours. Comme la carte verte ne couvre pas le Kirghizstan, nous voulions assurer notre véhicule lors de notre arrivée. Impossible ; tant pis, nous roulerons donc sans assurance. Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de policiers. Un peu plus loin nous sommes arrêtés pour excès de vitesse, 77 km/h au lieu de 60. Une discussion s’engage, enfin si l’on peut dire discussion, car nous ne parlons ni russe, ni kirghiz et les policiers ne parlent ni français, ni anglais. Après une dizaine de minutes de palabres, ils nous laissent repartir sans nous avoir demandé quoi que ce soit. Nous sommes agréablement surpris, car cela n’a pas été le cas dans tous les pays.

Notre première journée au Kirghizstan se déroule sous la pluie, mais cela n’enlève rien à la beauté des paysages. Nous longeons le lac Ysyk Kôl. Situé à 1620 m d’altitude, il forme une petite mer intérieure de 6332 km2. C’est le deuxième plus grand lac d’altitude au monde après le lac Titicaca situé en Amérique du Sud. Profond de 702 m, ce lac est légèrement salé et ne gèle pas en hiver malgré la rudesse du climat continental. Il est en partie alimenté par des sources chaudes et son nom signifie « lac chaud » en kirghiz. Nous bivouaquons un peu plus loin, à 2300 m d’altitude. Nous ne trainons pas, il pleut toujours, il y a du vent et il fait froid. Après une nuit bien humide et particulièrement venteuse, nous nous réveillons avec quelques rayons de soleil. La température frise le 0°C et tous les sommets autour de nous sont enneigés. La vue qui nous est offerte est exceptionnelle. Avant de continuer notre périple, nous décidons de faire un crochet par le lac Song Köl. L’accès se fait par une piste à peine visible qui passe par un col situé à 3300 m d’altitude. Lors de la montée, nous sommes confrontés à la neige qui nous empêche de passer. Un Kirghiz menant son troupeau de chevaux nous indique qu’en attendant quelques heures nous pourrons passer. Mais comme tout bon Européen, nous sommes pris par le temps ! Nous décidons à contrecœur de rebrousser chemin. Lors de cette ascension nous avons croisé un groupe de Français qui faisait un trekking. Il se trouve que de plus en plus d’agences spécialisées organisent ce type de randonnée. Un guide accompagne le groupe durant tout le trek et des locaux assurent l’intendance, préparent le bivouac et transportent les bagages. Etant également adeptes de randonnées, nous nous promettons d’y retourner un jour pour découvrir ce pays de cette façon. Les paysages sont tellement beaux. En redescendant dans la vallée, nous rencontrons un berger avec sa femme et ses enfants. De leur yourte s’échappe de la fumée. Il nous invite à venir manger un agneau qu’il veut sacrifier en notre honneur. Nous avons conscience de la valeur que représente une bête pour lui et sa famille, et nous arrivons à le dissuader de le faire. Après cette sympathique rencontre nous reprenons notre route. Les gorges traversées valent à elles seules le voyage. Ce pays méconnu est exceptionnel. Nous traversons de temps en temps un village. Les maisons sont encore construites en adobe, briques faites d’argile mélangées à de l’eau et à une faible quantité de paille hachée, séchées au soleil. Pour faire quelques emplettes, c’est un peu compliqué. En effet, il faut repérer les rares commerces. Ce ne sont que quelques objets visibles derrière la fenêtre d’une maison qui trahissent leur présence. Il faut frapper à la vitre pour que quelqu’un vienne l’ouvrir et vous vende ce dont vous avez besoin.

Les Kirghizes vivent principalement d’élevages et de cultures. L’agriculture est pratiquée de façon manuelle ou à l’aide d’antiques tracteurs datant de l’époque soviétique. Les Kirghizes, peuple nomade, restent très attachés aux traditions et le cheval occupe une grande place dans leur vie. « Le cheval n’est ni un animal ni un humain, mais il fait partie des deux et est compris par les deux », dit un proverbe kirghize.

Après avoir traversé de grandes plaines et des gorges, nous bivouaquons sur un plateau entouré de hauts sommets enneigés. MAGNIFIQUE, ce mot revient sans cesse dans nos discussions. La nuit est froide et le lendemain matin au réveil la température est descendue à – 5°C ; nous sommes en plein mois d’août ! Mais dès l’apparition du soleil, la chaleur revient vite. L’après-midi, il fait presque 45 °C à l’ombre ; soit une amplitude de 50°C dans la même journée. Nous ne sommes pas habitués à ce type de climat très continental et la fatigue se fait sentir.

Nous rejoignons la route M41, route mythique qui traverse le massif du Pamir. Elle va de Kara Balta, ville située au nord du Kirghizstan, non loin de la capitale Biskek, jusqu’à Mazâr-e Charîf en Afghanistan. Elle traverse le Tadjikistan et l’est de l’Ouzbékistan. De par son altitude, elle est la deuxième plus haute route du monde. Elle permet les échanges avec la Chine et le Pakistan. D’ailleurs, de nombreux camions chinois chargés de marchandises l’empruntent. Certains cols dépassent les 4500 m d’altitude. Elle est d’ailleurs régulièrement fermée par endroits, en raison des accidents, des chutes de pierres, de la neige ou des tremblements de terre. La portion de route que nous empruntons est bordée de yourtes. Les habitants font le commerce de Kourouts, fromages traditionnels roulés sous forme de billes et séchés, et de Kumiz, lait de jument fermenté. Nous longeons et contournons le lac Toktogul. Les montagnes semblent avoir été réalisées en carton-pâte tellement elles semblent irréelles. Lors de notre arrêt pour déjeuner nous croisons plusieurs camionnettes pick-up UAZ flambant neuves, véhicules qui nous semblent d’un autre temps. Après une nouvelle nuit passée dans ces décors de rêves nous nous dirigeons vers la plaine et la ville d‘Osh. Dans cette ville se trouve le plus grand bazar d’Asie Centrale où il faut impérativement se rendre. Ne sachant pas où garer notre véhicule, nous nous adressons aux agents de police locaux qui nous indiquent de nous arrêter le long du trottoir et qu’ils surveilleront le véhicule pendant notre absence. Nous sommes juste garés sous le panneau « arrêt interdit » ! Ce bazar est exceptionnel. Dans un dédale de ruelles, tout est à vendre. On peut acheter des épices, du pain, des fruits, des légumes, de la viande. Mais aussi des bonbons et des gâteaux que l’on peut acheter à l’unité ou au poids. Des objets artisanaux, des bijoux, des vêtements, ainsi que des objets modernes manufacturés en Chine et de l’électroménager également chinois… A notre retour, quelques heures plus tard, le véhicule est toujours à sa place ainsi qu’un des policiers qui s‘occupait de la circulation, nous le remercions et poursuivons notre route direction la frontière ouzbek située à la sortie de la ville. Le passage frontière se passe comme lors de notre entrée dans ce pays, en 5 minutes. Ce ne sera pas le cas de notre entrée en Ouzbékistan.

Nous avons été totalement conquis par le Kirghizstan. Nous espérons pouvoir y retourner un jour pour une durée bien plus longue.

 

Le Kirghizistan pratique :

  • Langues officielles : kirghiz, russe
  • Capitale : Bichkek
  • Forme de l’État : République parlementaire
  • Superficie : 198 500 km2
  • Population : (2011) 5 587 431 hab.
  • Indépendance : Lors de l’effondrement de l’URSS, soit le 31 août 1991
  • Monnaie : Som (KGS) début 2018 1 € correspond à 83 KGS
  • Carburant : Prix du super : 0,52 € le litre, prix du gasoil : 0,47 € le litre
  • Fuseau horaire : UTC + 6 soit 4 heures de décalage avec la France en été
  • Visa : Les voyageurs sont dispensés de visa pour les séjours touristiques et d’affaires de moins de 60 jours.

Il n’y a pas d’ambassade kirghize en France. Pour tout renseignement, il faut s’adresser à l’ambassade kirghize à Bruxelles
47, rue de l’Abbaye
B-1050 Bruxelles
Tél. : +(32-2).648.18.68
Courriel : kyrgyz.embassy@skynet.be

 

Ambassade de France au Kirghizstan
32, rue Orozbékova apt. 2
720040 Bichkek
Tél. : +(996) 312 97 97 14/+(996) 312 97 97 15
Fax : +(996) 312 97 97 16
Courriel : cad.bichkek-amba@diplomatie.gouv.fr

 

 

Certains passages frontière sont plus ou moins bien organisés, nous voici à la sortie du Kazakhstan.
Après quelques kilomètres, voici les paysages qui s’offrent à nous.
On dirait une peinture.
Nombreux sont les camions chinois qui traversent le pays.
Les Kirghizes sont des semi-nomades,
qui vivent sous yourtes ou bien dans ces roulottes.
Nous traversons de grandes plaines entourées de montagnes.
Les cimetières sont magnifiques.
Bien que nous soyons au début du mois d’août, il peut y avoir des chutes de neige sur les sommets.
Cela n’a pas l’air d’affecter les chevaux.
Les pistes nous emmènent à plus de 3000 mètres d’altitude.
Nous ne nous attendions pas à voir de tels paysages.

Au détour de la piste nous voyons une yourte.
Le troupeau est encore rassemblé.
Quelques vaches complètent le cheptel.
Déjà tout petits les enfants ont un œil sur le troupeau.
Nous croisons de nombreux chevaux tout au long de la traversée de ce pays.
Les enfants profitent de l’été pour jouer à côté de la rivière.
C’est la saison des foins.
De nombreux travaux se font encore manuellement.
Et à l’aide d’antiques tracteurs.
Le Kirghizstan, c’est également le début du Pamir.
C’est un pays rural,
où des briques en argile sèchent au soleil
et où de vastes plaines succèdent aux montagnes.
Quel paysage !
Qui n’a pas rêvé d’un bivouac dans un tel environnement.
Nous rejoignons la fameuse route M41.
Lait et fromages sont à vendre.
L’habitat des nomades est varié, yourtes, tentes, roulottes.
Toujours de nombreux chevaux.
Et mon fidèle destrier !
Ce pays nous a surpris tout au long de sa traversée.
Voici le lac Toktogul.
Au fond, on dirait des décors,
tellement, cela semble irréel.
Petit restaurant de bord de route.
Pour les amoureux des UAZ 452, sachez qu’ils sont toujours fabriqués.
Nous arrivons à Osh.
Cuisson traditionnelle du pain.
Osh possède le plus grand bazar d’Asie centrale,
on trouve de tout
et en quantité :
de la viande,
des fruits,
des fruits secs à profusion.
De nombreux hommes portent encore le chapeau traditionnel.
Quant aux minibus, une fois de plus ce sont des Mercedes.
Les Kirghizes sont très accueillants.
C’est sur, nous reviendrons.

 

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2 Commentaires

  1. Superbe article. Merci. Nous partons dans un mois dans cette direction et sommes encore plus motivés pour découvrir cette région. Fred et Bernard Soeur

    • Bonjour,

      Merci beaucoup.
      Vous verrez, c’est vraiment une destination extraordinaire, il me tarde d’y retourner.
      Bon voyage

      Christophe

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